mercredi 20 avril 2011

Sevrage de nuit. Contre mode d'emploi

Situation numéro 1.
L'enfant a 10 mois, c'est un grand tétouilleur et un petit dormeur. Il s’endort essentiellement au sein et sa maman ne travaille pas. Elle est pleine de certitudes quant à la gestion du sommeil de son enfant et a décidé qu'elle ne le laisserait pas pleurer tout seul. En 10 mois, l'enfant a du faire une dizaine de nuits (et j'entends par là la définition scientifique de la chose : il a dormi au moins 5 heures d'affilé entre 20h et 8h du matin). Alors oui même si la maman est toujours persuadée qu'elle agit de la bonne façon et qu'un jour son fils dormira sans elle et sans pleurer, il y a des soirs où elle craque et elle se plaint à son mari. Celui-ci, pour l'aider, lui propose d'essayer de sevrer l'enfant des tétés de nuit.  C'est logique : l'enfant s'endort au sein, et donc à chaque micro-réveil entre chaque cycle, il cherche à nouveau le contact du sein et la chaleur du lait. Le premier soir, la maman interrompt la tété avant que l'enfant s'endorme et elle le berce ensuite jusqu'à ce qu'il rejoigne les bras de Morphée elle n'en puisse plus de l'entendre hurler et qu'elle lui redonne le sein. Le deuxième soir, la maman interrompt la tété avant que l'enfant s'endorme et elle le berce ensuite jusqu'à ce qu'il s'écroule d'épuisement. Elle va se coucher à son tour, la mort dans l'âme, persuadé qu'elle est en train de trahir ses convictions. 20 minutes plus tard, le petit a repris assez de force pour pouvoir hurler 2 heures de plus dans les bras de sa mère qui finit par craquer et lui redonner à téter. Le troisième soir, l'enfant semble s'être fait une raison et s'endort calmement après 10 minutes de berceuse. La mère rejoint son mari au salon et tente de reconnaître qu'il avait raison, que probablement les nuits seront meilleures si l'enfant ne tête pas. 20 minutes plus tard, l'enfant a repris assez de force pour pouvoir hurler jusqu'à ce que sa mère hurle à son tour sur son mari imbécile qui a proposé une solution qui empire le problème et décide d'arrêter illico cette histoire de sevrage de nuit. L'enfant s'endort à nouveau chaque soir en tétant, puis la mère va se coucher dans son lit, et 3 heures plus tard, lorsque l'enfant l'appelle, elle quitte le lit conjugal et s'installe pour une grande tété endormie avec son fils. Cette situation durera encore quelques mois, puis les tétés s'espaceront et à la naissance de sa sœur 18 mois plus tard, l'enfant ne se réveillera en moyenne qu'une à 2 fois par nuit, pour des tétés éclair de 5 minutes maxi.

Situation numéro 2.
L'enfant a 3 ans passé, il a une petite sœur d'un an à peine. Il s'endort souvent sans téter le soir, réclame et obtient le sein 1 à 2 fois par nuit et se rendort sans problème. Sa petite sœur fait de même, à des horaires différents. Comme la maman travaille à plein temps, ces 4 réveils commencent à la fatiguer sérieusement. Alors profitant d'une semaine de vacances, la maman décide de sevrer son aîné des tétés de nuit. Elle en parle avec lui, lui explique les nouvelles règles et prévient les amis chez qui ils passent quelques jours qu'il risque d'y avoir quelques remous nocturnes. La première nuit, l'enfant se réveille et réclame gentiment le sein, comme à son habitude. La mère lui rappelle que les tétés de nuits sont terminées pour lui, qu'il pourra téter quand il fera jour. L'enfant hurle : "JE VEUX TETER !" plusieurs fois dans les bras de sa mère, puis il sanglote pendant de longues minutes et se rendort. La nuit suivante se passe de la même façon : grande colère et longue tristesse. Dès la 3ème nuit, les hurlements et la colère cessent. L'enfant pleure à chaque fois que sa mère lui refuse le sein, mais elle lui promet qu'il pourra à nouveau téter dès qu'il fera jour et il se rendort. L'enfant manifeste sa tristesse pendant encore plusieurs semaines, mais petit à petit il accepte les nouvelles règles. Le processus de deuil arrive à son terme et l'enfant se réveille de moins en moins souvent.

Situation numéro 3 :
L'enfant a 18 mois, c'est une téteuse rapide et une dormeuse dans la norme. Elle s’endort souvent sans téter, et a un grand frère de bientôt 4 ans, avec qui elle partage certaines tétés de jour. La nuit, elle profite de sa maman rien que pour elle. Elle a "fait ses nuits" et même celles de sa mère dès 3 semaines, mais a arrêté dès que sa mère a repris son travail. Depuis elle se réveille 2 fois : à minuit et demi et à 4 heure, pour partager une tété de 5 à 10 minutes, lâche le sein, pousse un grand soupir de soulagement et se rendort. Ces réveils réguliers ne gène pas du tout la mère qui a pris le rythme et allaite dans un demi sommeil avant de se rendormir rapidement. L'enfant vient d'être gardée pendant 1 semaine chez ses grands-parents et après 3 nuits un peu difficiles elle a dormi quelques nuits complètes. La mère se dit que c'est l'occasion et décide de tenter un sevrage de nuit. La première nuit se passe sans problème, la mère ne se réveille pas. La seconde nuit, l'enfant s'agite dans son lit, appelle gentiment sa mère. Celle-ci fait d'abord mine de ne rien entendre, puis se sent obligée de se lever lorsque le volume sonore augmente. Elle tente de raisonner son enfant, lui parle doucement et lui explique qu'elle pourra téter quand il fera jour mais celle-ci ne veut rien entendre.  Les chouinements deviennent pleurs, les pleurs deviennent cris, les cris hurlements et la mère fait cesser ce tintamarre avant qu'il ne réveille toute la maisonnée en offrant son sein à sa fille qui l'agrippe en hoquetant. Le jour suivant, la mère réexplique à sa fille qu'elle souhaite supprimer les tétés de nuit. Les nuits suivantes, la maman ne donne pas le sein à sa fille mais se trouve contrainte à la bercer et à la promener 3 à 4 heures par nuit afin qu'elle ne hurle pas et ne réveille pas toute la maisonnée. Au bout de 10 jours, la mère épuisée de passer ses nuits à se promener dans sa maison au lieu de dormir revient sur sa décision et donne à nouveau le sein à son enfant, dès qu'elle le réclame. Bientôt, l'enfant reprend le rythme précédent, réclame et obtient dans un demi sommeil le sein 2 fois par nuit et la mère peut à nouveau se reposer.

Situation numéro 4 :
L’enfant a 2 ans. Elle se réveille toujours 1 à 2 fois par nuit pour réclamer le sein et sa mère le lui donne avec plaisir, à moitié endormie. Si cela ne tenait qu’à elle, cette situation perdurerait encore longtemps mais l’entourage se fait de plus en plus pressant. En particulier, les grands parents qui gardent les enfants à l’occasion des vacances scolaires (merci merci merci !) commencent à se plaindre de la fatigue accumulée, car eux ils n’ont pas la possibilité d’allaiter dans un demi-sommeil et de se rendormir illico. La mère entame donc le processus de sevrage des tétés de nuit de l’enfant. Elle explique les nouvelles règles et prévient la maisonnée qu’il risque d’y avoir quelques remous nocturnes. L’enfant acquiesce et s’endort paisiblement. Dès la première nuit, elle met en place un fonctionnement qui dure encore aujourd’hui, 7 semaines plus tard :
Elle se réveille 1 à 2 fois par nuit (comme avant) et réclame gentiment à téter (comme avant). Sa mère lui rappelle qu’il n’y a pas de tété la nuit. Eventuellement si c’est le 3ème réveil de la nuit, l’enfant insiste et s’il est proche de 6 H du matin, la mère cède, sinon l’enfant change de tactique et réclame
- Do ?
- Voilà de l’eau ma fille, ça tombe bien j’avais préparé un biberon à proximité.
- Zou ?
- Un bisous ? Le voilà
- Nan (rigole). Pas maman, Zou papa
- Ah ben non ma fille, on va pas aller réveiller papa pour qu’il te fasse un bisou, c’est l’heure de dormir maintenant.
- Zou né ?
- Tu n’auras pas non plus de bisou d’ainé Tambouille. Il dort (lui).
- Do ?
- Encore de l’eau ? voilà.
- Ohhh… Pu do….
- Tu as fini le biberon.
- Enco.
- Allez viens, on va le remplir. Mais après ça suffit, tu retournes dans ton lit et tu fais dodo
- viiiiii
La mère et la fille descendent les escaliers, remplissent le biberon et remontent.
La mère pose l’enfant dans son lit et entends :
- caca.
- Non, tu n’as pas fait caca.
- pipi, ette
Dans un soupir, la mère se résigne
- Ok, ok, on va faire pipi dans les toilettes. Mais après ca suffit, tu retournes dans ton lit et tu dors, je suis fatiguée moi.
La mère et la fille descendent les escaliers, font ce qu’il faut (a-y-est ! papier. enco papier. enco papier. Ca suffit le papier maintenant pepette. Pas couche. Oh si couche ma fille)
- Zou né ?
-J’ai dis non pour le bisou d’ainé Tambouille. Il dort. Regarde : c’est la nuit, tout le monde dort.
- Chat !
- Ah, oui c’est vrai, le chat ne dort pas.
- tété ?
- Bien tenté mais c’est toujours non. La tété c’est demain matin.
L’enfant est recouché dans son lit
- bébé ?
- Voilà ta poupée
- bébé ?
- Voilà la poupée de l’autre côté
- bébé ?
- Tiens, elle est là la mini poupée, je te la mets dans la main
- fone ?
- euh… attends je cherche
- fooonnnne
- voilà, le téléphone est là.
- doudou ?
- le doudou, tu l’as dans la main
- doudou bébé !
- ah pardon, le doudou c’est pour le bébé (OMG !!!)
- ette. fraaa
- oui oui, je sais, je vous borde tous. Bonne nuit bébé 1, bonne nuit bébé 2, bonne nuit le doudou et le téléphone, bonne nuit cadette.
- zou maman
- Voilà ton bisou ma belle. Bonne nuit.
Et la mère peut enfin se recoucher et se rendormir (si l’enfant ne laisse pas tomber la mini poupée ou le téléphone et qu’elle ne réclame pas encore un bisou).
Au bout de 7 semaines, la mère est épuisée. Parfois elle se demande pourquoi elle a troqué 2 demi-réveils de 5 minutes contre 2 réveils complets de 20 minutes par nuit mais elle tient bon encore parce qu’elle comprend complètement la difficulté des grands parents Tambouille et qu’elle se dit que de toute façon le temps finira par faire son œuvre et que cadette Tambouille se réveillera de moins en moins, quoi qu’il arrive. Et même dans quelques années, elle regrettera ces moments de complicité nocturne.

2 commentaires:

  1. Tante/Marraine Tambouille21 avril 2011 à 04:43

    Allez, tiens bon ! Cette nuit, aucun réveil par cadette Tambouille ... Et endormie par sa marraine sans pleurs ni relevage !

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  2. Où trouves-tu toute cette énergie? Moi à ton régime, je serais déjà en train de faire Napoléon dans "une maison de repos" ^^

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